
( BASTIEN SIBILLE, 1 déc.2020)
Les plateformes numériques géantes comme Amazon, Uber, Airbnb ou Deliveroo ont-elles un impact positif sur le monde du travail ? Contribuent-elles de façon juste à l’impôt ? Respectent-elles nos territoires et leurs systèmes écologiques ? Non, trois fois non. Devons-nous nous résigner à subir les dégradations qu’elles nous infligent ? Pas nécessairement.
D’autres formes de plateformes numériques sont possibles. On peut tout à fait construire des plateformes qui paient l’impôt là où elles produisent de la valeur, qui intègrent les collectivités territoriales et les utilisateur.rice.s à leurs démarches, qui respectent les hommes et les femmes qui travaillent avec elles, qui protègent les écosystèmes en ne poussant pas à la sur-production économique…
Plusieurs de ces plateformes existent déjà, généralement sous forme coopérative : CoopCircuits donne accès à des produits en circuits courts, CoopCycle fait de la logistique pour les livraisons à vélo, Fairbnb.coop s’occupe du logement, Label Emmaüs permet d’acheter des objets d’occasion, Mobicoop et Railcoop de se déplacer de façon durable. Pour compléter cette chaîne positive, Commown et TeleCoop commercialisent des produits numériques et des forfaits téléphoniques plus responsables qui permettent l’accès aux plateformes et Enercoop fournit l’énergie durable nécessaire pour faire fonctionner serveurs et terminaux.
Alors, chiche ? Prêt.e.s à sortir de l’incantation et de la dénonciation des monopoles numériques ? A soutenir ces plateformes dans leur passage à l’échelle et construire les alternatives tant attendues aux monopoles numériques ?
Ici, à chacun.e de prendre ses responsabilités. Les collectivités locales sont cruciales pour faire vivre les démarches sur les territoires. L’Etat doit jouer son rôle en s’opposant avec fermeté aux situations de monopole des grandes plateformes et en donnant un cadre légal favorable aux plateformes coopératives. Les mutuelles ou les banques coopératives peuvent aider à structurer financièrement et donner de la visibilité auprès de leurs sociétaires. Les utilisateur.rice.s ont, en quittant massivement les plateformes géantes pour gagner les plateformes coopératives, le pouvoir de changer le cours des choses.
Chacune de nos plateformes est extrêmement lucide : nous sommes de petits bateaux face aux colossaux vaisseaux que sont les grandes plateformes numériques. Mais il ne fait plus de doute que les utilisateur.rice.s attendent des alternatives et nous sommes celles-ci ! Soutenez-nous !
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