
Un des défis humains les plus ambitieux de la planète
La Grande muraille verte a pour but de restaurer les terres, créer des emplois et générer des revenus aux 135 millions de personnes, de onze pays africains, qu’elle traverse (voir l’infographie). L’initiative, lancée par l’Union africaine en 2007, couvre une bande de 8 000 km de long sur quinze de large, de la côte Atlantique de l’Afrique de l’Ouest à la mer Rouge, à l’Est.
Où en est le projet ?
Le bilan comptable est alarmant : seuls 4 % des terres de la zone concernée ont été restaurés en vingt ans, selon un rapport des Nations unies publié en septembre. Sur le terrain, les signes sont plus encourageants : 20 millions d’hectares replantés et irrigués, plus de 350 000 emplois créés et environ 90 millions de dollars (74 millions d’euros) générés sur la période 2007-2018. Les premières pierres vertes de la Grande muraille ont déjà contribué à réduire la pauvreté rurale grâce aux produits agro-pastoraux et forestiers durables.
Pour quelles raisons cela n’avance-t-il pas plus vite ?
Par manque d’argent, surtout. Malgré l’aide financière sans faille de l’Irlande, pays impliqué dès le départ, les différents projets de la Grande muraille n’ont reçu que 870 millions de dollars de financements étrangers, sur la décennie 2000-2020. Les onze pays africains ont déclaré avoir injecté eux-mêmes 53 millions.
Pour atteindre l’objectif de restauration de 100 millions d’hectares de terres à l’horizon 2030, les États membres de l’initiative doivent restaurer 8,2 millions d’ha par an. Un budget annuel de 4,3 milliards de dollars serait nécessaire, selon les estimations de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification.
Le manque de stabilité politique de la région est l’autre frein. Les législations environnementales manquent, ou ne sont pas appliquées et prioritaires, ce qui ne facilite pas la gouvernance , note poliment l’ONU.
Quelles sont les plus belles réussites ?
Sans doute, le partage et l’amélioration de la technique du zaï, idéale voire unique solution pour régénérer les zipellés, ces terres dénudées, imperméables et stériles, stade ultime de la dégradation des sols. Elle consiste à creuser des petites fosses pendant la pré-saison pour capter l’eau et y concentrer le compost. Les Burkinabés sont devenus les champions du zaï, hérité des Dogons maliens. Ils ont réhabilité plus de trois millions d’hectares de terres stériles, en bénéficiant de meilleures récoltes de sorgho ou de mil.
La désertique Érythrée a planté près de 130 millions d’arbres, en tête du classement, et développé les cultures en terrasses qui retiennent terre et eau. L’Éthiopie a misé sur le futur et formé 62 759 agronomes.
De nouveaux financements à hauteur de 14, 2 milliards de dollars on été alloués lors du One Planet Summit pour la biodiversité organisé conjointement par la France, les Nations Unies et la Banque mondiale en ce début janvier 2021.
Selon le Président mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani
« La mobilisation de ces financements additionnels à travers une approche innovante, contribuera certainement à atteindre les objectifs de la Grande Muraille Verte qui visent à l’horizon 2030 la restauration de 100 millions d’hectares de terres dégradées et la création de 10 millions d’emplois verts »
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