
La fusée style camping gaz qui réchauffe la terre par en dessous ou le lance flamme qui l’embrase par le dessus (JAD)
Extraits d’un article de Bernard DEBOYSER dans « Révolution énergétique »
… pour vaincre l’attraction terrestre et s’élever au-delà de l’atmosphère, ces fusées touristiques doivent dépenser de l’énergie, énormément d’énergie, fossile de surcroît. Et par conséquent, émettre des quantités astronomiques de gaz à effet de serre. Dans un article publié par The Conversation, trois physiciens ont évalué le coût environnemental de ces caprices pour ultra-riches.
…Pendant un vol suborbital comme ceux que proposent Virgin Galactic et Blue Origin, les « dépenses » énergétiques explosent tout comme le prix à payer. Ces touristes-là émettent pour s’extraire de l’attraction terrestre pendant leur courte escapade, environ 4,5 tonnes de CO2, soit près de la moitié des émissions annuelles d’un Français. Mais si l’on ajoute le coût climatique de toutes les activités annexes nécessaires à la réalisation de l’envol, il s’agit au total de 11,5 tonnes de gaz carbonique. Pour rappel, les Français ne devraient pas produire d’ici 2050, plus de 2 tonnes de CO2 par an pour atteindre l’objectif fixé par l’Accord de Paris.
Quant aux vols orbitaux ou vers l’ISS, les chercheurs ont calculé que le voyage d’une fusée Falcon 9, celle dans laquelle ont embarqué les quatre touristes de SpaceX, engendre plus de 1.150 tonnes de CO2, soit « 638 ans d’émissions d’une voiture moyenne parcourant 15 000 km par an ». Chaque passager d’un tel vol produit donc 26 fois plus de gaz à effet de serre qu’un Français moyen au cours d’une année.
…Mais à ces émissions et dépenses d’énergie directes générées pendant le voyage il faut encore ajouter celles qui sont provoquées par la fabrication et la construction des engins, matériaux, infrastructures et bases de lancement nécessaires à la réalisation des missions. Spaceport America, la base de Virgin Galactic, au Nouveau-Mexique, couvre 73 km2, soit plus de deux fois la superficie de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle.
Lucas Chancel, le codirecteur du laboratoire sur les inégalités mondiales à l’École d’économie de Paris, a estimé l’empreinte carbone totale des voyages spatiaux proposés par Blue Origin. « En 10 minutes, Bezos et ses trois clients vont émettre chacun 75 tonnes de CO2. 10 minutes. Sur terre il y a un milliard de personnes qui n’atteignent pas ces niveaux d’émissions sur une vie entière »
Un avis sur « Tourisme spatial : ces hypers riches consomment en 10 minutes autant d’énergie qu’un milliard d’humains en une vie »